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  • 2020-09-03
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No pain, No gain.

Combien de fois avez-vous entendu cette phrase ?
Pour les néophytes en entrainement, le principe est simple : Plus on s’entraine « dur », plus les bénéfices sont à l’avenant.
Ce qui signifie, en théorie, que les stakhanovistes de l’entrainement sont, logiquement, les plus « durs au mal » et ceux affichant les meilleures performances, quelque soit le critère considéré (physique ou esthétique).
Je vous épargne le suspens.
C’est faux.


1° LE MYTHE

Si c'est faux, pourquoi cette façon de raisonner est si profondément ancrée dans notre culture populaire?

4 raisons à cela:

1° L'hypothèse du monde juste

l'hypothèse du monde juste est un biais cognitif qui consiste à penser que l'on à ce que l'on mérite et on mérite ce que l'on obtient.
Dans le champs des activités physiques, cela consiste à penser que plus vous vous faites violence pour encaisser un inconfort physique dû à un exercice difficile, plus votre mérite à exécuter celui-ci est grand.

Dans un monde juste, le mérite que vous avez doit donc être récompensé par un gain de masse musculaire, une perte de masse adipeuse etc.

Hors, la biologie n'est pas juste, elle est logique.

Toute les personnes qui ont déjà fustigé le manque ou l'absence de progrès quelconques, malgré une grande assiduité comprennent cela.

2° Les raisons de société:

L’une des valeurs phare véhiculée par notre société est le dépassement de soi.
Cette valeur est particulièrement présente durant l’éducation scolaire et perdure (empire ?) dans le monde professionnel.
Le dépassement de soi ? Faire de son mieux, et même au-delà, en toute circonstance.
« Se la couler douce » dans le monde professionnel, même si c’est très occasionnel, est donc généralement très mal perçu, que cela soit par le patron, les collègue ou les usagers. 
Pourtant, des temps morts occasionnels vous permettent de récupérer et donc, au final, d'être plus productif.
Le même raisonnement s'applique au domaine de l'entrainement:
Ce n'est pas parce que l'entrainement est "cool" que celui-ci n'est pas productif.

3° La pop-culture.

Toutes fictions, quelles soit littéraires ou cinématographiques, véhiculent auprès du grand public des idées et des croyances.
Celles-ci peuvent être fondées ou complètement erronées. 
Cela est particulièrement vrai pour le sport.
Un exemple avec le cinéma:
Rocky 4
Scène croisée de l’entrainement de Rocky et Drago. Ou, le concours de celui qui se met le plus « minable », dans l’espoir de progresser suffisamment pour battre son adversaire.
Le tout, avec « Heart on Fire » de Survivor en fond sonore, pour le côté épique.
Car le but du cinéma, comme tout art, est de susciter de l’émotion.
Imaginez maintenant cette même musique, sur un petit footing de récupération tranquille.
Tout de suite, ça le fait moins.
Peu importe la justesse, pourvu qu’on ait l’émotion.
Et pourtant, les petits footings, dans la réalité, sont très importants, dans l’entrainement de la course à pied (ils peuvent constituer jusqu’à 80% du volume total d’un coureur de haut-niveau)

 

4° Les réseaux sociaux:

Suivez-vous certains sportifs ou coachs un tant soit peu connus sur les réseaux sociaux ?
Si c’est le cas, peut être avez-vous été témoin d’une de leurs envolées lyriques invoquant leur persévérance dans l’adversité, leur résilience ainsi que leur acharnement sur chaque session d’entrainement, pour essayer de prouver à leur audience qu’ils sont meilleurs que les autres grâce à leurs qualités morales ?
Le tout agrémenté d’une photo ou vidéo d’eux-même en plein effort, dégoulinant de transpiration.
Et, cerise sur le gâteau, une petite phrase percutante (en anglais, ça sonne toujours mieux) sensée appuyer le propos du genre « No pain, no gain », ou « on ne lâche rien ».
Là encore, le même message avec un petit entrainement tranquille en image ou vidéo de fond serait moins percutant.
Mais voilà, entre les réseaux sociaux et la réalité, il y a également une différence, que la biologie finit toujours par prouver :
On ne peut pas être tout le temps à 100%.


2° LA RÉALITÉ:

Votre condition physique et votre hygiène de vie vont conditionner une certaine réserve de ressources (physique, psychique, immunitaire, endocrinienne) dans laquelle vous allez puiser lorsque vous devrez gérer un stress.
La nature de ce stress peut être multiple. Il peut s’agir :
  • D’un entrainement physique
  • De la mise à contribution de votre système immunitaire contre une maladie, une infection.
  • un stress d’ordre psychique, du à tout ce que la vie professionnelle et personnelle peut avoir de « stressant »
  • un manque (sommeil, catégorie de nutriments etc)
  • un excès (malbouffe, de lumière bleue, etc)
  •         un effort de volonté quelconque (se retenir de faire ou de ne pas faire quelque chose sollicite beaucoup de ressources psychiques)
Evidemment, chaque type de stress sollicitera vos ressources de façon différente mais celles-ci s’en trouveront, dans tous les cas, impactées.
Pour faire très simple, se retenir de mettre un coup de poing à votre boss puisera dans vos ressources aussi sûrement que mettre un véritable coup de poing dans un sac de frappe.
L’effort est différent, mais une certaine fatigue se fera sentir dans les deux cas.
Cette état de fait explique notre état de forme, très irrégulier. La sagesse populaire dit que dans la vie, il y a des hauts, et des bas (un peu comme des squats).
Cela est vrai à tous les niveaux, quelque soit l’échelle de temps considérée (jours, semaines, mois années)
Par exemple, vous est-il arrivé d’être un peu à plat à l’entrainement, parce que vous aviez passé, selon l’expression consacrée, « une journée de merde » ? 
Cette expression, qui peut paraître anodine, tant l’usage en est répandu, signifie que vous avez tellement puisé dans vos réserves pour lutter contre tous les petits stress de la vie quotidienne que celles-ci sont insuffisantes pour assurer une séance de qualité, quand vient l’heure de l’entrainement.


3° CONCLUSION

L'interprétation qui est faite de "no pain, no gain" est inexacte, la plupart du temps.
"Pain" se traduit littéralement par "douleur". De là à penser que la douleur physique préluderait forcément au progrès, il n'y a qu'un pas....
Allègrement franchi.
Hors, ce n'est pas grâce à la douleur physique, que vous progressez.
C'est l'investissement en temps et en énergie sur le long terme, qui vous fera progresser, indépendamment de la difficulté physique.
Pour reprendre l'exemple du coureur à pied de haut niveau, jusqu'à 80% de son volume total d'entrainement est "facile" (pour lui)
l'élite de la force athlétique, les personnes qui soulèvent plus de 300 kg au squat, développé couché ou soulevé de terre n'approchent leur charge maximale
(la charge la plus lourde qu'il peuvent soulever une fois) que deux fois dans l'année: aux championnats nationaux et mondiaux
La véritable difficulté n'est  donc pas l'effort physique lui même, mais la constance de l'investissement qu'il faut mettre, pour espérer arriver à haut niveau.
Il est plus simple de s’entraîner dur pendant 4 mois, que de s’entraîner modérément pendant 30 ans.
Hors, l'activité physique est nécessaire tout au long de la vie, pour espérer rester en bonne santé jusqu'à la dernière heure.
Pour cette raison, il est tout simplement impossible d'être dans le "dur" à  chaque effort physique, pendant des décennies.
En conclusion,ne vous entraînez pas dur tous les jours...mais entraînez vous tout le temps.
Votre corps vous en remerciera.


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